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La revue du témoignage urbain

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Circulations

À la bonne heure l’horo !

Sous l’enseigne Brico Plus, Jean-Michel et Monique Curto tiennent commerce rue Grande, à l’angle de la rue de la République. Ils fournissent les clients en matériel pour travaux légers et lourds. Depuis l’ouverture du chantier Euroméditerranée, ils voient fondre leur plateforme de réception : la chaussée est occupée par les ouvriers, les trottoirs sont rendus inaccessibles aux véhicules. Charger ou décharger devient impossible. Avec cela, l’espace disponible est amendé, les horodateurs, cette fois, sont devenus payants. Vous avez dit...


À la bonne heure l'horo !
 À la bonne heure l’horo !

... Horodateurs ?
- Je suis plutôt pour, mais plus tard, quand tout sera en ordre. À l’heure actuelle, avec tous les chantiers qu’il y a en ville, je suis contre. Voilà. Les clients se mettent deux minutes, cinq minutes là, mais s’ils veulent faire une heure, ils sont cuits, ils sortent avec 35 euros de procès, donc c’est pas valable. Je suis pour les horodateurs, ça donne à chacun l’occasion de stationner une heure, deux heures, quant on veut faire des courses on paye un euro et demi, deux euros puis voilà ça permet de venir en ville, de faire des courses. Mais ils les ont posés trop tôt, ce n’est pas l’heure de faire ça. Parce que si on empêche les gens de venir stationner deux minutes, ils ne viendront plus.

... Contraventions ?
- Bien sûr que la police tourne ! Des fois on peut dire qu’elle fait des rafles. Il y en a qui se plaignent en plus, alors le commissaire donne des ordres et là, c’est la châtaigne : tout le monde a des procès.

... Des réactions ?
- Les riverains. Eux qui ne payaient pas, maintenant, voilà, ils payent comme ça, là, tout de suite. C’est pas une bonne chose, le centre-ville souffre énormément, les restaurants de midi ne voient plus grand monde, parce que les gens ne peuvent pas stationner, ils peuvent pas rester cinq minutes. À cause des travaux, le maire a dit : "Prenez l’autobus" alors qu’il n’y avait pas d’autobus. C’est vite fait de perdre une habitude, après on vient plus, c’est tout.

... Des aménagements ?
- Non, pas du tout, on m’a rien fait. Ça nous est tombé dessus comme ça, voilà ! Ils me refusent les tarifs résidents, je n’y ai pas droit, parce que moi je ne suis pas une personne, je suis en société. Ils ne veulent pas, ils les accordent à une personne ou à quelqu’un installé, comme le coiffeur, à son nom, au registre du commerce. Moi je ne suis pas à mon nom mais à celui d’une société que j’ai créée. Eh bien, pour venir travailler, j’ai réglé le problème, j’ai pris ma carte d’abonnement et puis voilà.

... Transports en commun ?
- Je viens en voiture, je me gare là pour le moment, sur un stationnement interdit, sinon je vais prendre le métro dès que ça devient important. Mais j’ai dû prendre mon abonnement métro. Puis, ils ont été en grève. Comme il y a eu beaucoup de manifestations, des choses aux Catalans et partout, on a cassé le matériel des gens. Donc, ils ont remis un peu, quoi... Mais ça vient, ils reprennent le dessus et la société privée des parcmètres dresse des contraventions.

... Bientôt le métro ?
- Dès que c’est plus dur. Ça va pas tarder : janvier ou quoi, là je prendrai le métro. Ça pénalise parce que je ne pourrai plus me fournir en urgence chez mes fournisseurs locaux. Je perdrai du chiffre d’affaire. Eh oui ! Je prends la voiture pour aller chercher un robinet un peu spécial ou autre chose. Il y a des milliers d’articles dans mon métier et je ne peux pas savoir quand on va me demander un compteur d’eau qui pète, que je n’ai pas. Si je n’y vais pas le chercher, il va ailleurs ! À partir du moment où je viendrai au travail en métro, je ne pourrai plus assurer les urgences. Ça veut dire que je perds du chiffre d’affaire : ou je l’ai en stock, ça va, ou j’ai un stock tendu - c’est ce qu’il faudrait - et alors ça ne va plus.

... Demain le tram ?
- Oui. Je suis pour le tram et plutôt pour les transporteurs publics que des privés qui sont tout seuls dans leur voiture, mais faut pas qu’il y ait des grèves, il faut qu’il y ait beaucoup de bus, beaucoup de métros, beaucoup de trams, voilà, avec des lignes qui vont assez loin. Si je veux me rendre à la Valentine, maintenant je pourrai le faire à midi parce que bientôt, le tram, il ira. Sinon je n’y vais pas, le métro il va jusqu’à la Pomme.

... Votre prix ?
- Je ne sais pas. Il faudrait s’aligner sur la capitale, qui fonctionne bien en transports urbains. Je ne sais pas combien ça coûte, le métro ou le bus, mais à mon avis, il est 40 à 50% moins cher qu’ici. A sept heures, à dix heures du soir on trouve beaucoup de bus, beaucoup de métros encore, alors qu’ici, si on veut aller au cinéma, on est cuit ; si on veut faire un repas, terminer à onze heures, on ne trouve plus rien, c’est fini et pourtant c’est beaucoup plus cher que Paris, c’est pas normal ! Le métro accorde pendant une heure l’aller et le retour. J’ai pu faire tout ce que j’avais à faire et revenir sans repayer. Ça c’est intéressant. Un euro, un euro vingt, un truc comme ça serait bien. S’il faut payer un euro cinquante ou soixante, pourquoi pas, pourvu qu’il y en ait beaucoup et que ça fonctionne bien. Pourvu que ça ne s’arrête pas dès qu’il pleut... Les gens, il faut aller les chercher. Ceux qui travaillent trop loin prendront plus la voiture parce qu’il vont mettre deux heures de trop avec le métro ou le tram.

... L’à venir ?
- Je ne sais pas exactement, j’ai pas été encore à l’agence du métro pour m’informer de tout ça. On va avoir des commerces de proximité de grandes marques. J’en ai parlé avec mes clients, ils sont contents.

... Positif ?
- Oui, très positif. En 65 je suis parti de Marseille parce qu’elle dormait. J’étais sur la Côte d’Azur et ensuite je suis parti à l’étranger et depuis dix ans je suis revenu et ça bouge, c’est ce qu’il faut.

... Des désirs ?
- Je l’ai toujours dit : "C’est une ville macadam". Je n’ai jamais vu une ville avec si peu d’arbres. Les arbres, on les coupe et on met du bitume et c’est bon. Là, je suis contre. Il faut des arbres, des platanes ou autre chose.

Propos recueillis le 13/11/ 2005 par Patricia Rouillard.

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