koinai.net

La revue du témoignage urbain

koinai.net

La revue du témoignage urbain

Chacun son métier

Le Bazar du petit bonheur

Aux Cinq-Avenues, Margaux a eu une belle idée toute simple : ouvrir une fripe-brocante, associée à un atelier de recyclage créatif. On peut y trouver, bien sûr, des vêtements, des objets de tous styles et de toutes époques, mais aussi, et surtout, de multiples occasions d’échanger des idées et des savoir-faire, et même bricoler ensemble...


Koinai - Pourriez vous commencer par vous présenter ?

Margaux - Je m’appelle Margaux, je suis fondatrice d’une association dans le 4ème arrondissement aux Cinq-Avenues et j’habite Marseille, depuis vingt-cinq ans. J’ai vécu dans différents endroits de Marseille. C’est une ville qui m’a toujours attirée. Je m’y sens très bien.

K. - Et qu’est-ce qui vous a amenée à Marseille ?

M. - La mer. J’ai toujours habité la région, mais l’ambiance de Marseille, la population, la diversité des gens qu’on peut rencontrer.

K. - Dans quels quartiers de Marseille avez-vous vécu ?

M. - J’ai vécu sur Endoume, sur Saint-Victor et ici dans le 4ème arrondissement.

K. - Lequel avez-vous préféré ?

M. - J’aime bien ici. J’aime bien l’évolution des Cinq-Avenues, qui était un quartier, il y a peu de temps, encore un peu vieillot, où une population de retraités était prédominante et maintenant ça devient plus familial, il y a de plus en plus de familles avec poussette et je trouve que ça donne un rajeunissement et une dynamique au quartier.

K. - Que changeriez-vous à Marseille ?

M. - L’immobilisme quand même, parce qu’en dehors du fait que mon quartier évolue, je trouve Marseille très lente à bouger et souvent fermée à un progrès, fermée à un changement. Je changerais aussi la propreté.

K. - Pouvez-vous nous en dire plus sur votre association ?

M. - C’est une association avec un gros projet, une association dans laquelle il y a une fripe-brocante qui permet de financer de l’aide aux devoirs pour les enfants, des cours de langues étrangères, alors on met en place de l’anglais, de l’allemand, de l’italien, de l’espagnol. J’ai d’autres objectifs sur d’autres langues, mais pour l’instant c’est ce qui sera mis en place. Et un atelier de recyclage créatif, qui est un espace ouvert aux bricoleurs qui ont envie de rénover leurs meubles, ou des meubles qu’ils ont trouvés, customisés, apprendre à coudre ou réparer leurs vêtements. L’idée, c’est de proposer une aide, de créer ensemble et de se rencontrer.

K. - Qu’est-ce qui vous a amenée à ouvrir cette boutique ?

M. - Un projet personnel. Tout simplement un constat avec des amis, un constat de manque de place des fois chez soi, de manque de matériel, ou simplement de faire des choses ensemble, d’échanger des idées sur des créations, sur des travaux manuels tout simples. Pouvoir les faire ensemble dans un espace commun.

K. - Pouvez-vous nous dire exactement quels objets vous vendez ?

M. - Alors, ce qu’on trouve dans la boutique, c’est très hétéroclite. Il y a du contemporain, de l’ancien et même du très ancien. Il y a des objets provençaux, des objets chinois, des objets japonais, des objets de marque suédoise pour ne pas la nommer, des sacs, des habits pour les enfants, pour les adultes, comme on peut trouver des poupées en porcelaine ou des cafetières électriques. Et puis des meubles de l’époque de Jacques Tati.

K. - Où trouvez-vous tous ces objets ?

M. - Les gens nous donnent. J’ai commencé par stocker chez moi, depuis deux ans, avant de trouver un lieu adéquat et de pouvoir ouvrir la boutique. Donc, j’ai commencé avec ce que j’avais à la maison et ce que les copains et les copines ont commencé à me donner et puis de bouche à oreille les gens m’amènent et me donnent ce qu’ils ont en trop chez eux, ce qu’ils ne veulent plus, ce qu’ils viennent de trouver pas très loin de chez eux, ils l’amènent. Alors, ça peut être à réparer, ça dépend s’il s’agit de meubles, ou à customiser, et puis ça peut être en état comme ça et puis revendu.

K. - Qui fait les réparations ?

M. - Alors pour l’instant l’atelier n’est pas ouvert mais il y a quelques bénévoles qui sont intéressés pour customiser des objets, des articles et moi-même je suis touche-à-tout, ayant été formée par mes parents au bricolage et aux travaux manuels.

K. - Quand avez-vous ouvert votre boutique ?

M. - La boutique est ouverte depuis fin mai. On a eu quelques mois de travaux, et pour la mettre en place. L’atelier sera ouvert au mois d’octobre, les cours d’aide aux devoirs et les cours de langues débuteront mi-septembre.

K. - Avez-vous des employés ?

M. - Non, que des bénévoles. Je suis seule. Je suis souvent là, mais je suis épaulée par des amis et quelques bénévoles.

K. - Quels objets sont les plus demandés ?

M. - Les plus demandés ? Les fringues, les jouets pour les enfants et la vaisselle. Sinon c’est au petit bonheur, les gens rentrent, chinent, fouillent et en général trouvent l’objet qui leur manquait.

K. - Prenez-vous tous les objets que l’on vous donne ?

M. - Je prends ce qui est en bon état, pour ce qui concerne les habits surtout. Ce que je ne garde pas au niveau des habits est redistribué à d’autres associations. Ce qui est vraiment en mauvais état, pour ce qui concerne la vaisselle par exemple, est cassé et part à l’atelier, en attente d’une idée de mosaïque sur un meuble. La majorité de ce qui n’est pas gardé, ou pas mis sur les étagères pour la vente, part à l’atelier pour être customisé par la suite.

K. - Quel est votre type de clientèle ?

M. - Tout le monde. Les gens du quartier, des mamans, des jeunes mamans, des personnes âgées. J’ai notamment une dame qui vient tous les matins pour trouver l’objet qui lui manque, chez elle. Et c’est un lien social. Il y a eu très vite quelques habitués. Une dame qui vient régulièrement chiner que les fringues, d’autres personnes c’est la vaisselle. Il y a quelques habitués, mais après c’est au petit bonheur.

K. - Quels sont les atouts et les difficultés propres à votre métier ?

M. - Les atouts : les rencontres, le plaisir de réaliser un projet qui me tenait à coeur depuis longtemps. Le plaisir de trouver une voie, une reconversion et de partager cette idée avec les autres. Après, les inconvénients, c’est, je dirais, pas particulièrement un inconvénient, mais arriver à gérer la vie et le temps passé ici, dans l’association et la vie avec les enfants, l’organisation quotidienne.

K. - Que faisiez-vous comme métier auparavant ?

M. - Avant de faire ça, j’étais cuisinière. Alors j’ai été cuisinière dans tous types de restauration et le dernier poste que j’ai eu j’étais cuisinière à la mairie en crèche.

K. - Quels souhaits avez-vous pour l’avenir ?

M. - Pour l’avenir j’ai bon espoir que la boutique marche, que ce projet fonctionne. Je le fais pour le quartier, je le fais pour les enfants, je le fais pour que les gens se rencontrent et qu’ils puissent s’épanouir. Je veux vraiment avancer, continuer à avancer. On a ouvert le magasin un petit peu pressé d’ouvrir parce que financièrement au niveau de l’association c’était un petit peu juste, mais tout roule, ça fonctionne et j’ai bon espoir que ça continue. Pour l’instant j’espère finir ce qui a été commencé, complètement, parce qu’il y a pas mal de petites choses qui ne sont pas finies et boucler tout ce qui est commencé pour vraiment me donner à 100%.

Creative Commons License La revue du témoignage urbain (http://www.koinai.net), développé par Résurgences, est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons : Paternité-Pas d’Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.
La revue Koinai : qui et pourquoi ?   |   Koinai ?   |   Mentions légales   |   Appel à contribution Plan du site
Site propulsé par l'Atelier du code et du data, chantier d'insertion numérique