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"L'unité c'est primordial" - Vis ma ville - La Viste de bas en haut - La revue du témoignage urbain

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La Viste de bas en haut

"L’unité c’est primordial"

Un directeur d’école engagé et réaliste

Jérémie N’tsai est directeur de l’école La Viste - Bousquet. En poste depuis seulement six mois dans un établissement qu’il a choisi, il n’en demeure pas moins un connaisseur des quartiers nord pour y avoir déjà exercé dans différents secteurs. Il ne lui aura donc fallu guère de temps pour évaluer la problématique de son quartier et de ses cités conçues pour "s’auto-suffire". Avec ce double regard de "nouvel arrivant" et d’homme de terrain, il porte une réflexion originale sur le quartier et ses habitants dont "l’unité passée" est à reconquérir.


K. - Pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter ?

Jérémie N’tsaï - Oui, Jérémie N’tsaï , je suis le directeur de l’école La Viste Bousquet depuis septembre 2010. J’ai demandé à être dans cette école et je suis très content d’y être.

K. - Vous aviez déjà entendu parler du quartier avant d’y être en fonction ?

J N - Oui, je connaissais déjà... J’ai travaillé à proximité de La Viste, c’était du coté de Micocouliers, Sainte Marthe, Saint Joseph, Servières, donc je connaissais l’autre coté de l’autoroute, si je puis dire.

K. - Et vous-même, vous habitez à La Viste ?

J N - Non pas du tout, mais je pense que ce n’est pas nécessaire d’habiter sur son lieu de travail pour s’y investir et pour y croire.

K. - Quelles ont été vos premières impressions, quand vous avez découvert le quartier ?

J N - Eh bien, un quartier calme et serein. Après, j’ai pu apprendre qu’il se passait certaines choses, mais je reste sur une approche positive du quartier. Je m’attendais à quelque chose de bien plus déstructuré. Quand je dis déstructuré, c’est à dire avec des populations d’une souffrance beaucoup plus marquée extérieurement. Et en fait non, je vois une population qui est très digne, qui est unie dans cette dignité. Une population qui cache des souffrances que je vois auprès des enfants et auprès des familles que je reçois. Une population qui ne tient pas à montrer ses difficultés, c’est tout à leur honneur, et puis ça permet peut-être aussi d’aborder différemment le travail que l’on mène avec les familles.

K. - En fait, quand on parle de La Viste, il y a le plateau, le 74 et le 38, est-ce que vous voyez des différences ?

J N - Au niveau des populations je ne vois pas trop de différences, rien de flagrant... mais ça ne fait que six mois que je suis là.

K. - La plupart des élèves viennent du 38 ?

J N - Alors, j’ai l’impression que c’est partagé justement, je devais faire passer un mot, un petit document dans les cahiers des élèves, pour savoir précisément qui venait d’où. Est-ce qu’il y en a plus du coté de Douriant ? Est-ce qu’il y en a plus du coté de La Viste ? J’ai besoin de le savoir, notamment pour un projet d’ouverture du côté de la rue Douriant, parce que d’abord c’est un projet au niveau du CUCS, puisque la rénovation de l’école est prévue, et puis parce que c’est une entrée qui me parait beaucoup plus pertinente en terme de présentation d’école, en terme de distance vis-à-vis des familles. Je trouve que tout en bas, du côté de La Viste c’est vrai que c’est pratique parce qu’il y a de l’espace, mais en même temps c’est éloigné de l’intérieur de l’école, on a l’impression que l’école se met à distance des familles et moi je souhaiterais un rapport beaucoup plus proche, beaucoup plus cordial et familial. En plus des escaliers où des jeunes viennent uriner, ce n’est vraiment pas bien pour les enfants. Ne serait-ce même que pour l’image de l’école, sentir cette vague d’urine qui leur monte au nez, ce ne sont pas des souvenirs très positifs de l’école !

K. - Est-ce que vous avez l’impression qu’il y a une identité forte des gens du quartier ?

J N - Une identité forte, mais passée, une unité passée. Quand je suis arrivé, j’ai trouvé que c’était calme, très pacifié, en tout cas dans la journée c’est ce qui ressort. Et de plus en plus, avec le temps je me rends compte que ce qui paraissait être une unité, est en fait est une succession d’unités divisées. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de clans... clan n’est pas le bon mot, mais beaucoup de corporatisme à gauche et à droite. De divisions en fait, et on a l’impression que chacune de ces divisions trouve son accord de façon informelle, sans vraiment arriver à se rencontrer. Alors, c’est une impression, je ne sais pas, il faudrait que je puisse aller plus au fond pour voir si c’est le cas. Et puis, je disais une unité passée, parce que j’ai vraiment l’impression que La Viste c’était un quartier dans lequel il y avait une forte unité dans le passé, je le ressens dans les discours des anciens, qui viennent, qui parlent de ce qu’ils vivaient. Ils me disent "J’étais ici, à l’ouverture en 63". Et quand ils me parlent du quartier, j’entends systématiquement qu’il y avait quelque chose de très fort, par exemple ils jouaient aux boules, juste ici, pendant des années ils étaient là, ils jouaient aux cartes dehors. Et ça apparemment, c’est quelque chose que les habitants, les anciens du quartier regrettent, alors ils mettent ça sur le dos de nouveaux arrivants. A un moment donné, il y avait un autre quartier un peu plus loin qui a été détruit, et donc il y a eu une population qui est arrivée, qui n’était pas de La Viste, qui n’avait pas la même culture, les mêmes habitudes, et voilà. Peut-être que cette division que je perçois là, elle vient de cette difficulté des uns et des autres, à accepter ou à recevoir des populations extérieures à ce que fut La Viste à l’époque. Et puis peut-être aussi des changements, des valeurs qui sont différentes d’une cité ou d’un quartier à un autre, où on n’a pas les mêmes habitudes, les mêmes repères, et puis quand on se fait parachuter d’un quartier à un autre, eh bien on a ses repères qui se perdent et on est soi-même à la recherche d’identité, et c’est vrai que du coup ça créé des troubles, là où on arrive et puis aussi en soit. D’où peut-être cette impression d’éparpillement, de manque d’unité.

K. - On a passé une demi-heure dans l’épicerie, on a vu toutes les cultures, on a vu tous les âges, tous les mélanges. Quelque chose sur le plan humain de très fort.

J N - Oui, un côté familial, avec l’épicerie qui garde les enfants quand le portail de l’école est fermé, qui garde les enfants parfois toute la journée... Parce qu’il y a quand même des identités différentes... On a envie de garder cette image de La Viste, qui reste une unité, c’est vrai qu’il y a cet essai de le faire, mais après dans l’action ce n’est pas toujours le cas et il y aurait à travailler pour maintenir cette unité qui est primordiale, c’est évident. C’est quand même beau de se dire qu’une cité comme ça, d’abord elle a son image architecturale de grandes tours, et puis que dans cette image de La Viste, on puisse inclure ce coté familial... Il y a tellement de richesses et de diversité à faire concorder.

K. - Qu’est-ce que vous aimez particulièrement dans ce quartier ? Et qu’est-ce que vous aimeriez voir changer ?

J N - Alors, ce que j’aime particulièrement, c’est ce bruit que l’on entend derrière. Je veux dire, je ferme les yeux, je me crois à la campagne, dans un lieu familial, dans un lieu où on entend les mouettes, les bateaux au fond. A un point que même les bruits de voitures on a l’impression que ce sont des bateaux. C’est ça qui met une ambiance, c’est fort, c’est vraiment quelque chose que j’apprécie, avec tout ce que cela implique, ça apporte une tranquillité. En tout cas dans la journée, je ne suis pas là vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ça m’est arrivé de venir le dimanche, et d’entendre certaines choses qu’on peut tous imaginer et je ne vais pas entrer dans les détails. Ce que j’aimerais voir changer, j’aurais envie de dire, peut-être aller vers une unité qui soit plus concrète "On est ensemble, on est ensemble, point final", une unité qui ne reste pas à l’état d’idée, qui dépasse l’instinct groupal. C’est à dire qu’il y a des choses qui ne sont pas défendables, qui mériteraient pour tout le monde d’être dépassées. Peut-être si il y avait une ouverture vers... Un mouvement commun, une solidarité, pour aller ensemble vers un changement bénéfique pour tous, travailler ensemble pour ce changement.

K. - C’est à dire qu’il y a une difficulté à tous s’accorder sur des solutions ?

J N - Oui c’est ça, d’arriver à se dire que si l’autre pense différemment ce n’est pas forcément un ennemi, une personne à écarter ou à éliminer. C’est un regard différent qui peut être riche de constructions. Celui qui arrive, qui est nouveau, c’est vrai qu’il est nouveau donc a priori on pourrait se dire qu’il n’a pas le droit à la parole, mais en fait non, dans sa nouveauté il y a des choses qu’il voit automatiquement, qui peuvent éventuellement le choquer, alors que pour ceux qui sont sur place depuis longtemps et qui en ont l’habitude ça devient une banalité. Quelqu’un qui vient de l’extérieur en révélant, en parlant de ce qui le choque, peut amener au changement, et à mieux vivre tous ensemble. Même si une fois encore je perçois quand même une unité, enfin des groupes désunis dans une unité, mais cette unité parfois j’ai l’impression qu’elle est un bloc qui va à l’encontre de son propre intérêt. Mais c’est ponctuel et je parle plus sur le plan éducatif, évidemment.

K. - Pour prendre un exemple, on a évoqué plusieurs fois le manque de propreté, est-ce que vous pensez que finalement on s’y est habitué, ou que ça ne change pas parce que la plupart des gens se sont habitués ou résignés ?

J N - Oui, individuellement je suis sûr que tout le monde est d’accord... puisque vous parlez de la propreté, tout le monde est d’accord qu’il ne faut pas jeter les papiers par terre. Enfin quand je dis tout le monde, c’est une grande majorité de gens, je ne suis pas allé voir toutes les personnes de La Viste et du côté de la rue Douriant, mais je pense que tout le monde est d’accord, on ne jette pas un papier par terre, on attend de trouver une poubelle pour le jeter. Alors, puisque vous parlez de la propreté, effectivement si on est tous d’accord, pourquoi est-ce qu’on n’arrive pas à avoir une action commune dans ce sens-là ? Pourquoi est-ce qu’on n’arrive pas à se dire que c’est le problème de tout le monde, plutôt que de se dire que c’est le problème de l’autre ? Il y a bien quelqu’un qui les jette ces papiers, et ce n’est pas toujours la même personne, donc il y a un moment donné où il faut quand même qu’on réussisse à se retrouver ensemble et se dire "Bon, menons une action commune". Il y a une action commune à mener dans laquelle tout le monde doit s’impliquer, puisque le constat est là, les papiers sont là, on les voit. Dans cet instinct groupal, on a l’impression que le fait de relever cette histoire de papiers par terre, c’est une attaque à l’identité. L’identité, c’est quand même autre chose que des papiers par terre ! C’est un exemple que vous avez soulevé, après sur le plan de l’éducation, j’en ai parlé en tout début d’année, je sais que ça avait choqué une personne dans la réunion, qui l’a vécu une fois encore comme une ingérence peut-être, je ne sais pas... Moi, je viens le samedi, le dimanche, le mercredi, je vois des jeunes qui circulent en cyclo sans casque. Bon ce ne sont pas mes enfants, mais j’imagine que si c’était les miens, si mon fils venait à faire ça, je souhaiterais qu’on m’appelle et qu’on me dise "Ton fils, je l’ai vu passer et sans casque", voilà, c’est ce que j’ai soulevé à la réunion de rentrée, pour dire "Ce serait bien que l’on travaille tous ensemble, que l’on converge tous ensemble". Il y a une personne qui l’a mal pris. Tous les autres ont apprécié, d’autant plus que cette réunion, je ne le savais pas, il y avait une personne qui venait de perdre son fils justement comme ça, deux mois plus tôt. Mais ce papa-là au contraire est venu et m’a dit "Je vous remercie, j’aurais aimé qu’on me le dise. J’aurais aimé qu’on m’appelle, qu’on me dise, ton fils fait ça, et vous avez raison". Bon, parfois on met le doigt sur quelque chose de délicat. Mais une autre personne dans l’assemblée a mal vécu cette proposition, alors que c’était simplement de dire "Voilà, nous sommes dans une cité, il doit y avoir ce lien familial, ce lien groupal qui fait qu’on est ensemble pour les bonnes choses, et pour les choses qui sont à rectifier, rectifions-les ensemble, soyons solidaires." C’était mon discours, et il y a eu ce décès deux mois avant la rentrée et je sais qu’il y en a eu un autre en octobre, novembre. Pourquoi s’opposer ? C’est d’une telle évidence qu’il y a ce travail à faire ensemble, autour des jeunes. Alors je ne vais pas dire à tel jeune "C’est pas bien !" Ce n’est pas ça, c’est simplement faire en sorte que tous les jeunes, quand ils circulent dans la cité, puissent se dire que les adultes pensent à eux et tiennent à eux. Et qu’on a besoin d’eux aujourd’hui, on aura besoin d’eux demain, dans la cité d’une part, mais aussi dans un pays, on a besoin de toutes les forces vives.

K. - Est ce que les enfants ont l’impression d’être délaissés, d’être livrés à eux-mêmes ? Même s’ils ne s’en rendent pas forcément compte.

J N - Oui, oui. On a parlé des papiers par terre, on parle de l’éducation et de la sécurité des enfants, mais c’est normal qu’un jeune se mette en danger, à l’adolescence c’est l’une des voies, je dirais presque incontournables de l’adolescence, alors après à des niveaux différents, selon ce que l’on a vécu dans l’enfance on se met plus ou moins en danger, mais c’est quelque chose de normal. C’est aux adultes de mettre le cadre, d’être attentif ensemble, la famille, les enseignants, le voisinage, communiquer la dessus sans avoir l’impression d’être remis en cause dans son rôle.

K. - A propos du parc d’Hanoï, est-ce que vous en aviez entendu parler ?

J N - Non pas du tout. Je savais qu’il y avait de gros projets immobiliers dessus, sur toute la partie Continent, c’est tout.

K. - Qu’est-ce que vous pensez de ce type de projet ? Du sens de cette idée de construire un projet participatif ?

J N - Je pense que c’est une très bonne idée. Maintenant, j’y vois quand même des obstacles, je ne vois pas de culture autour du jardinage, autour de ce qui est vert... Je ne vois pas pour l’instant, une dynamique autour des espaces verts à La Viste. C’est à dire que je n’ai pas l’impression que c’est dans la culture de la cité, des cités même au sens large. Donc ça, ça me paraît déjà difficile, je vois pour des endroits où c’est déjà dans la culture c’est difficile de mobiliser, en général, donc là un projet où l’espace vert n’est pas au cœur des habitudes, je pense que ça va être un gros obstacle. Donc il ne faudrait pas se dire "Voilà, si ça ne marche pas demain, ce n’est pas bon." Je pense qu’il faudrait se dire qu’il y a tout d’abord un travail à faire autour des jardins pour pouvoir arriver à aboutir sur cette idée. Pour moi c’est le premier obstacle, et c’est pour ça que l’idée d’avoir un jardin dans l’école me paraît déjà quelque chose de bien pour ça. Faire naître cette idée de cultiver, tirer de la terre quelque chose. Pour les enfants, déjà c’est énorme. Le deuxième obstacle c’est que j’ai l’impression qu’au delà de La Viste, tout est loin. C’est à dire que lorsque je dis à un parent "Voilà, vous pourriez aller là, c’est juste en bas, là-bas, ça paraît le bout du monde."

K. - D’après vous, ça tient à quoi ?

J N - J’ai envie de dire... mais alors là, je m’engage de façon un peu rapide, que quand on est dans un espace groupe, c’est dans cet espace groupe que tout doit se passer. Une sorte de monde clos qui se suffit à lui même. Un peu comme la cité Le Corbusier, si je puis dire... c’est parce que les cités de La Viste ont été construites selon un modèle similaire.

K - De se suffire à elles-mêmes ?

J N - Oui, même si maintenant on voit qu’il y a quand même des problèmes, il faut réhabiliter. Il y a une première réhabilitation, il en faut une deuxième, on voit qu’il y a quand même des problèmes sociaux aussi, des populations qui sont là, il y a quand même une réalité, c’est que l’ancrage de la cité a été conçue pour se suffire à elle-même en haut de sa butte, et regarder la mer. Après, quand tout a été construit, quand les gens sont venus ici au début, d’après ce que j’ai compris, ils étaient dans un coin de paradis, c’était la grande bourgeoisie, parce qu’un grand nombre était à la Belle de Mai, dans des maisons où il n’y avait pas d’eau courante, où l’électricité c’était pas le top. Ils arrivent ici, il y a une salle de bain, il y a des toilettes dans les appartements, même si c’était étroit et exigu, pour eux c’était un mieux. Puis il y avait une chambre, parfois presque par personne, à l’époque. Alors, c’était certes étroit, mais c’était grandiose. Donc ils sont arrivés dans cet esprit d’auto-suffisance, si je puis dire et puis voilà, ça s’est développé comme ça. Même si maintenant ça dérape, qu’il y a des soucis sociaux et économiques, changer ce fonctionnement n’a rien d’évident, c’est quand même bien ancré dans les mentalités.

K - Ce projet, vous n’y croyez pas ?

J N - Non, je ne vais pas dire que je n’y crois pas, je n’y crois pas dans l’immédiat. C’est à dire que je n’y crois pas, comme étant un projet qui va pouvoir fonctionner là, demain. Quand je dis demain, je veux dire dans les deux, trois, quatre mois qui viennent. Je le vois comme un projet à moyen ou long terme, c’est peut-être une erreur, mais... L’important c’est de lancer ce projet déjà. Vous voyez, c’est à dire que si vous ne le lancez pas, il ne naîtra pas.

K -Au niveau du 38, il y a pas mal de seniors qui veulent toucher à la terre et qui semblent partants.

J N - Alors, ça pourrait être un point d’appui et un point d’ancrage... Si les anciens sont favorables, enfin le souhaitent, c’est sûr que c’est un point d’ancrage, mais même si ça me paraît difficile que ça aboutisse... Je pense qu’il y a des petites actions à faire avant cela, pour que vraiment ça prenne. Parce que si c’est pour qu’on y aille pendant quelques mois et puis après que ça retombe, ce n’est pas intéressant. Donc il faudrait vraiment redonner cette culture, redonner cette image d’un coin familial qui cultive. C’est un travail de longue haleine.

K. - C’est comme le travail de la terre, en fait.

J N - Oui, tout à fait. Et le travail de la terre est pénible...

K. - Ça prend du temps.

J N - Et ça ne donne pas toujours. Puis la première année, on n’est pas toujours très satisfait, parce que c’est aussi un métier. Si on y va pour tout de suite avoir ses carottes, bon, les tomates pousseront je pense sans problèmes, les courgettes, et tout ça... mais peut-être qu’il y a des choses qui ne pousseront pas si bien que ça, et si on y va dans l’idée que tout de suite on pourra cultiver ses légumes, ça pourrait en décourager plus d’un et il ne le faudrait surtout pas. Donc, c’est pour ça que je parle de reconstruire cette culture. Et puis aussi de la construire auprès des jeunes, parce que l’idée c’est aussi ça, c’est que sur le plan de l’éducation, il y ait un transfert de valeur qui se fasse, et si on arrive à avoir des jeunes qui vont cultiver la terre sur leur temps perdu, plutôt que de faire du cyclo sans casque, à deux, avec un debout derrière...

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