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Une envie de changement - Vis ma ville - Qu'elle était verte ma colline - La revue du témoignage urbain

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La revue du témoignage urbain

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Qu'elle était verte ma colline

Une envie de changement

Le regard d’un éducateur du groupe sportif Consolat Mirabeau sur son quartier

Karim Mahi, habitant du quartier depuis vingt ans, est éducateur au groupe sportif Consolat. C’est un regard mitigé qu’il porte sur le quartier : tout en constatant une bonne cohabitation entre les résidents, il souligne le manque de perspectives et une stagnation dans le domaine de l’emploi, l’insuffisance du nombre de commerces de proximité, l’absence de salle de cinéma... A propos de "La Colline", comme la grande majorité des personnes interrogées, il souhaite sa réhabilitation pour en faire un lieu de convivialité ainsi qu’un espace aménagé pour les enfants. Il ne voit cependant pas son avenir dans ce quartier et aspire à d’autres horizons.


Koinai - Pouvez-vous vous présenter ?

Karim Mahi - Je m’appelle Karim Mahi, j’habite au quartier depuis vingt ans. Je suis éducateur au groupe sportif Consolat, je m’occupe des petits de treize, quatorze ans et je suis étudiant en BTS, assistant de gestion de PME/PMI.

K. - Ce sont uniquement des enfants du quartier ?

K M. - Non, il y a Consolat, la Bricarde, la Castellane, Saint Louis, on a Félix Pyat aussi, quelques uns. Donc, c’est un peu représentatif du 15ème et du 16ème, en fait.

K. - Quels sont les quartiers concernés par la Colline ?

K M. - Ben y’a Campagne Lévêque et Consolat. Puisque c’est juste ici. Moi, de ce que je connais, y’a que ces personnes là qui y vont.

K. - D’après vous, quelles sont les caractéristiques principales de ce quartier ?

K M. - La mixité. Vraiment, on est représenté par tous. Que ce soit les italiens, les arabes, les noirs... Y’a ceux qui travaillent, ceux qui travaillent pas. Beaucoup de jeunes, beaucoup de vieux. C’est mélangé, on va dire.

K. - Davantage que dans d’autres quartiers ?

K M. - Oui, parce que j’ai des collègues dans d’autres quartiers, et c’est vraiment significatif. Nous, il y a vraiment de tout. C’est bien.

K. - Et en général, les habitants vivent ici depuis longtemps ?

K M. - Oui. Quoique ces dernières années, on a eu une vague de nouvelles personnes, qui est arrivée, notamment aux Sources. Mais sinon, c’est vraiment des gens qui habitent là depuis bien longtemps, plusieurs générations de familles.

K. - Pensez-vous qu’il y ait une identité forte ?

K M. - Ca dépend des personnes. Y’en a qui s’identifient beaucoup à Consolat, y’en a d’autres que non. Il y en a qui s’identifient plus au 15ème, qu’à leur quartier, c’est vraiment particulier ça. C’est personnel.

K. - Si vous deviez donner cinq adjectifs qui caractérisent le quartier ?

K M. - Mixité, générosité, amitié, convivialité et solidarité.

K. - Que pouvez-vous dire sur l’évolution de l’emploi, des transports, des espaces publics ?

K M. - Alors, le transport ça a pas changé, on a toujours la même ligne 36, qui passe tout le temps. Le métro, on est obligé d’aller jusqu’à Bougainville. Ce serait bien qu’on ait une station, qu’on soit un peu plus desservie. L’emploi, à part ceux qui continuent leurs études, qui font des BTS en alternance, j’ai pas vu une grande avancée dans l’emploi. C’est toujours au même stade, on n’avance pas.

K. - A propos du lien du quartier au reste de la ville, est-ce que vous trouvez que le quartier est isolé par rapport à d’autres quartiers ?

K M. - Non, je pense pas qu’il soit isolé, parce que ça bouge. on est en lien avec tout le centre ville. Je rencontre beaucoup de gens du quartier en centre ville, donc je pense qu’on est pas totalement isolé, mais voilà, c’est dur. Que ce soit pour trouver un emploi ou un stage, pour ceux qui continuent leurs études. Même quand on rentre dans un magasin, on est de suite perçus comme des voleurs, parce qu’on vient de quartier différent. Ca se sent, en fait.

K. - Surtout pour les jeunes ?

K M. - Surtout pour les jeunes. Un jeune qui rentre, c’est un vigile qui le suit à la trace. Alors qu’on rentre juste pour acheter, regarder, donc, sans arrières pensées. Donc après, ça donne plus envie de sortir, puisqu’on se sent traqué, persécuté.

K. - Au final, Pensez-vous que le quartier ait un rôle à jouer dans la ville, qu’il a sa place dans la ville et quelque chose à y apporter ?

K M. - Ben oui, parce que c’est une culture. Avant c’était des champs, et là c’est devenu un quartier. Y’a des gens qui travaillaient... qui ont des vécus. Donc je pense, que ça a sa place à jouer dans la ville.

K. - A propos des services publics, des commerces, que pouvez-vous nous dire ?

K M. - Au niveau des commerces, mis à part les petits commerces qu’on a ici, on n’a pas grand chose dans le quartier. Après, ce serait bien qu’il y ai un snack ou un truc comme ça, pour que les jeunes ils puissent se regrouper et ça éviterait qu’ils traînent, n’importe comment.

K. - Et les associations ?

K M. - On a le centre social mirabeau, qui essaye de s’impliquer. Mais ils ont pas beaucoup de moyens, donc c’est difficile pour eux. Ils proposent des activités intéressantes pour les jeunes, c’est bien de six à quatorze ans, mais après, c’est plus des activités adaptés pour ces jeunes-là. Il manque le cinéma aussi, dans le coin. Puisque le seul cinéma qu’il y a c’est Septèmes et après il faut aller en ville et c’est difficile d’y aller. Si il pouvait le mettre à Grand Littoral, ce serait le top.

K. - Est-ce qu’il existe des lieux de rencontres ?

K M. - Dans le quartier ? Non. Il y en a pas.

K. - Quels sont les lieux importants dans le quartier ?

K M. - Pour moi personnellement c’est ici, c’est le club, parce que j’y suis tout le temps. Après, il y a le stade, pour jouer au ballon et il y a les commerces. C’est important parce qu’on est pas obligé de monter jusqu’à Saint Louis ou quoi, on a tout à côté, donc là, c’est intéressant.

K. - Le sport occupe-t-il une place importante ici ?

K M. - Oui. C’est soit on fait du sport, soit on traînent. Et vaut mieux faire du sport que traîner, je pense.

K. - En quelques mots, que pouvez-vous dire de la Colline ?

K M. - C’est bien, ça permet de se promener, mais j’y suis allé quelques fois, c’est des pentes raides, donc pour un jeune ça peut aller, mais pour des personnes un peu plus âgées, c’est difficile d’accès. Ensuite, les structures elles ne sont pas adaptées, par exemple ça serait bien que les petits enfants aient un tourniqué, un toboggan, pour s’amuser. Et sinon, il est laissé à l’abandon, je pense qu’il y a pas beaucoup d’entretien. Il suffit de passer pour voir que c’est sale.

K. - Et il y a des gens qui y vont ?

K M. - Oui, il y a des gens qui y vont. L’été surtout, pour promener. Parce que si on continue un peu plus loin, on a une vue magnifique sur la mer, les gens ils apprécient, donc ils continuent. Y’a des jeunes, l’été, le soir. Y’a des gens qui courent aussi, qui font leur petit footing quotidien dans la Colline.

K. - Vous-même, y allez-vous de temps en temps ?

K M. - De temps en temps, l’été. Pour promener, pour faire un peu de sport.

K. - A votre avis, que pourrait-elle apporter si on s’en occupait ?

K M. - Ben déjà, des rencontres tout simplement. C’est comme les parcs, ça peut créer des rencontres, les gens ils peuvent venir pour se promener, ou rester là, au lieu d’aller loin, ils peuvent venir à côté. Puis on est pas très loin des autres quartiers.

K. - Et quand vous étiez petit, est-ce que vos parents vous amenaient vous promener ?

K M. - Oui, mais on allait pas ici, parce qu’il y avait pas tout ça. On allait à Vitrolles. Donc voilà, ça serait bien que si ils réadaptent cette colline, au lieu d’aller loin, ils pourraient aller justement ici.

K. - Pour conclure, comment voyez-vous le quartier demain, qu’est-ce qui devrait changer et qui peut changer ?

K M. - Déjà, la population, je pense que ça va changer, parce que de plus en plus de jeunes quittent le quartier. Donc l’identité du quartier va se perdre, je pense. Parce que ceux qui y ont vécu depuis bien longtemps, au fur et à mesure, ils en ont marre, ils quittent le quartier. Et donc, je pense que ça va perdre son identité, on sera moins identifié à Consolat. Et c’est dommage.

K. - Vous-même, avez-vous envie de rester ?

K M. - Non, moi non. Personnellement, je me vois pas rester ici. Pour tout... mes enfants... J’ai tout connu ici, donc je sais ce qui se passe. Je me vois pas vivre ici, je veux une maison au bord de la mer ou un truc comme ça. Mais pas habiter dans un quartier. Pas seulement ce quartier là, mais tous les quartiers en général. Je veux une petite maison. Je pense que les gens, ils rêvent tous de ça, ils veulent tous quitter le quartier. Donc je pense que ça va perdre son identité, on s’identifiera moins à Consolat. Mais c’est valable pour peut-être la Savine ou peut-être tous les quartiers de Marseille. On s’identifiera plus à Marseille, qu’à son quartier, c’est déjà le cas, mais encore plus demain.

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