La Koinè, la langue commune. Au pluriel : Koinai.
S’il existe une ville en France qui tout au long de son histoire a vu ses langues se conjuguer au pluriel, c’est certainement Marseille. Multiples langages et donc multiples cultures.
Notre revue se veut le témoin de cette diversité singulière. Laissant traîner ses oreilles dans la ville, toujours à hauteur d’hommes, elle glane, ça et là, des témoignages. Ces paroles de marseillais sont retranscrites au plus près de l’authenticité du moment parlé, de leur musicalité propre, vivantes.
Marseille a commencé sa mue. Comment la ville et ses transformations modifient l’homme et ses habitudes ? Comment l’homme inscrit-il son récit individuel dans celui, collectif, de la ville ? Cette période de transition convoque dans l’écho de ses voix à la fois les ombres du passé, et l’esquisse de l’avenir.
Koinai recueille ces voix qui façonnent la ville.
Alors que le mois de janvier est marqué par la disparition des enseignes commerçantes, côté logement, certaine locataire affirme, bail à l’appui, que rien ne saurait l’amener à partir avant expiration. Au 93 de la rue de la République, la mère assure la défense du périmètre familial, la nécessité faisant office d’obstination. Argumentaire.
« Je viens de la mécanique, moi. J’ai un C.A.P de métallurgiste et après, une dizaine ou une douzaine d’années de mécanique. La cordonnerie, ça s’est fait tout à fait par hasard, en 83, quand j’étais sur Aubagne, entre l’atelier et le garage de mécanique, et un cordonnier qui s’est installé - bon, à un moment donné, euh… le cycle a fermé, on a sympathisé, ça s’est passé comme ça. » Jean Duval, 46 ans, cordonnier rue des Abeilles.
Vision d’art… monie
Trentenaire
« Oh la la, j’ai reçu une éducation, on va dire, classique dans une famille maghrébine, c’est-à-dire une éducation où la femme est différente de l’homme, où il fallait être pratiquant, une éducation qui à tout point de vue m’a révoltée dès mon adolescence. C’était l’éducation qu’on donnait aux femmes en France dans les années 40-50 : la femme à la cuisine, et caetera, et caetera, une image très simpliste. » Fathia Le Gouët, 34 ans, mariée, sans enfant, enseignante.
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