I - Articles complémentaires
Un peu d’histoire…
La France est le pays européen qui a ouvert le plus tôt la nationalité aux étrangers dès la deuxième moitié du XIXe siècle.
La nationalité y était alors régie par le droit du sang, introduit par le Code civil de 1804 et fondé sur la filiation. Pour des raisons démographiques, la France a ouvert le droit de la nationalité au droit du sol dès 1851 et par les réformes de 1889, 1927, 1945 et 1973.
À partir de 1987, le débat introduit par le Front national sur les « Français de papier » – ou les « Français malgré eux » – a conduit à une tentative de réforme du droit de la nationalité, qui n’a pas abouti. C’est en 1993 que la loi Pasqua-Méhaignerie restreint l’accès à la nationalité par le droit du sol, notamment pour les jeunes d’origine étrangère et les nouveaux Français par mariage. Mais la loi Guigou de 1998 est revenue à l’équilibre entre droit du sol et droit du sang établi en 1973, et a mis fin à la controverse politique sur la réforme du droit de la nationalité.
L’émigration française a toujours été faible au regard de celle d’autres pays européens comme l’Italie, la Grande-Bretagne ou l’Allemagne. Les raisons sont liées à la fois à la précocité du déclin démographique de la France, amorcé dès la fin du XVIIIe siècle, et aux migrations de Français vers les nouvelles terres coloniales, qui n’étaient pas comptabilisées en tant qu’émigration. Certains disent aussi que le bien-être de la vie en France explique cette faible mobilité.
La France est aujourd’hui le second pays d’immigration européen derrière l’Allemagne.
Les Français à l’étranger aujourd’hui…
On compte aujourd’hui 2 millions de Français à l’étranger, essentiellement au Royaume-Uni (300 000 à Londres), en Allemagne, aux États-Unis, au Canada, dans les pays d’Afrique et d’Asie. Il s’agit essentiellement d’une émigration jeune et qualifiée sans vocation définitive à l’installation.
Les migrations de femmes sont-elles différentes de celles des hommes ?
Si les femmes ont de tout temps émigré à l’étranger, parfois seules comme les Espagnoles dans les années 1950, plus souvent pour accompagner leur conjoint dans l’exil, et plus massivement pour rejoindre leur conjoint, comme à partir de l’arrêt de l’immigration de travail salarié décidé par l’État en 1974, dans le cadre du regroupement familial, la question des migrations de femmes est restée une réalité peu connue en France, comme dans la plupart des pays occidentaux.
L’image de l’homme seul, migrant pour des raisons économiques ou politiques, est restée prégnante dans les représentations de l’immigration et elle a fait de la migration féminine un phénomène marginal ou de second rang.
Pourtant, la migration des femmes ne cesse de croître depuis plusieurs décennies et marque ainsi un changement conséquent dans le profil de l’immigration dans le monde. De plus en plus de femmes, jeunes célibataires, ou ayant déjà une famille à charge, partent seule à l’étranger pour trouver du travail et s’installer plus ou moins durablement.
Cette réalité s’explique principalement par deux facteurs : l’aspiration des femmes à gagner plus d’indépendance à travers la migration, le fait que les femmes sont parfois plus qualifiées que les hommes pour répondre à certains emplois dans des secteurs où les pénuries de main d’œuvre sont fortes, comme les services aux particuliers, ou dans l’éducation, la santé et l’action sociale.
Les femmes sont aussi les premières victimes de guerres ou de conflits politiques, de déplacements liés à des catastrophes écologiques, des famines ou des épidémies. Elles sont aussi des victimes des violences, réelles ou symboliques, faites à leur encontre dans certains contextes culturels.
Extraits de : http://questions-contemporaines.histoire-immigration.fr
L’exemple de l’immigration équatorienne
Environ un million d’Équatoriens, 14 % de la population adulte, reçoit des fonds de parents habitant à l’étranger. En 2002, le montant total de ces transferts de fonds a été de 1,5 milliards de dollars et pour 2003 ce chiffre est en augmentation. Bien que le montant de ces milliers de petits transferts soit étonnamment modeste (175 dollars en moyenne), les calculs comparatifs sont importants. Les envois de fonds équivalent à un tiers de la valeur totale des exportations équatoriennes, dix fois le total de toute l’aide économique que le pays reçoit de l’étranger, soit cinq fois le crédit octroyé par le Fonds monétaire international.
Dans une étude de marché récente, la société Bendixen & Associates a découvert à la suite d’un sondage que les problèmes économiques individuels n’étaient pas la motivation de la majorité des émigrants équatoriens. Leur décision d’émigrer est bien plus le produit d’un consensus familial dans le cadre duquel les membres jeunes, en bonne santé et les plus qualifiés au sein de la famille ont été sélectionnés pour quitter le pays.
En outre, l’émigration massive dont l’Équateur a souffert ces cinq dernières années a été la réponse à la crise économique nationale de 1998 et 1999, causée par la fermeture des banques, la dévaluation (de 5 000 sucres à 25 000 sucres pour un dollar), les banqueroutes commerciales et l’instabilité financière. Pendant ces deux années, le PIB du pays a diminué de 27 % et la consommation des ménages par habitant a été inférieure en 1999 à celle de 1989.
D’après le sondage, l’objectif de 83 % de ceux qui ont émigré était « d’atténuer les problèmes économiques des membres de leur famille restant au pays ». L’Espagne est une destination populaire, car il est plus facile pour un immigrant d’y régulariser sa situation, bien qu’aux Etats-Unis les salaires soient meilleurs. Quasiment 30 % de ceux qui émigrent ont complété leurs études universitaires ou sont sur le point de les compléter, et 25 % ont achevé leurs études primaires. Une grande majorité sont des frères ou des sœurs, des fils ou des filles de ceux qui sont restés (48 %). Les frais encourus pour l’émigration sont financés par la famille, au moyen de prêts, d’hypothèques sur leur habitation ou grâce à la vente de bétail.
http://www.iadb.org/idbamerica/index.cfm?&thisid=2336&pagenum=2 : publication de la Banque interaméricaine de développement
II - À lire, à voir
1- Rapports
Exils et Migrations, Italiens et Espagnols en France, 1938-1946 - L’intégration italienne en France, éd. Complexe, 1995. Actes de colloques
Histoire/Genre/Migration. Mondes atlantiques XIXe-XXe siècle 27-29 mars 2006, par le Centre d’Histoire sociale du XXe siècle
Résumés sur http://histoire-sociale.univ-paris1.fr
2- Essais, romans
Images et représentations du genre en migration
Sous la direction de Philippe Rygiel et Natacha Lillo, Éditions Publibook, 2007
Quelles représentations de l’Autre, de l’immigré, une société se donne-t-elle ? En quoi l’émigration remet-elle en cause les normes du genre ?
Le genre, c’est-à-dire la différence socialement construite des sexes, est constamment façonné par le regard qu’un groupe pose sur moi et mon corps. Que se passe-t-il si je suis amené à évoluer au sein d’un autre groupe ? Les articles ici regroupés posent cette question évoquant les flux migratoires qui ont marqué le XIXe et le XXe siècle. Des Antilles aux États-Unis, de l’Allemagne à l’Italie, les divers auteurs analysent les conséquences que peuvent avoir ces mouvements pour les identités genrées des individus, et s’appuient sur les images que nous fournissent la photographie, la peinture ou encore le cinéma, autant d’expressions où l’Autre apparaît dans sa corporéité.
Marseille, porte sud
Un siècle d’histoire coloniale et d’immigration
de Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch
La Découverte, 2005
C’est un siècle d’histoire, aux mille et une facettes, que l’on découvre dans ce livre. A travers des centaines d’images rassemblées ici, on a le sentiment que Marseille a été, et reste, cette ville ouverte sur les cultures du monde : une ville cosmopolite sans équivalent en Europe.
La Nuit de l’étranger
d’Habib Selmi, roman, Actes Sud, mai 2008
Sur le lit de sa modeste chambre parisienne, un jeune Tunisien parcourt son carnet d’adresses, unique et dernier lien qui lui reste de son pays. Les noms qui défilent - ceux de ses semblables, ses frères, qui sont comme lui recroquevillés sur leurs souvenirs et leur solitude - constituent autant d’arrêts sur ces vies mettant en lumière d’étranges étrangers. Les séquences se succèdent, d’une société à l’autre, d’un pays à l’autre, dévoilant peu à peu toute l’ambivalence qui tenaille ce jeune homme. Sans jamais sombrer dans le pathos, Habib Selmi transforme l’archétype du Maghrébin immigré en personnage romanesque, riche de toutes les vies qu’il a rêvées et qu’il vivra, à défaut de pouvoir pleinement vivre la sienne.
Marseille quart Nord de Benito Pelegrin
Éditions Sulliver, 2009
L’auteur nous livre une chronique sur les quartiers Nord de son enfance de jeune exilé espagnol, arrivé à Marseille en pleine crise du logement et témoin de la naissance du mouvement des squatters.
Cette fresque sensible et drôle invite à la découverte de l’histoire politique et sociale de la ville à travers la galerie de personnages qu’elle propose au lecteur.
3- Documentaires
Celui qui chante, son mal enchante
« Mon père, républicain espagnol et ébéniste, chantait en travaillant. Ces chansons tristes ou gaies, mais toujours chantées en espagnol, me disaient que chez moi nous n’étions pas tout à fait Français », Linda Ferrer-Roca.
Documentaire de Linda Ferrer-Roca – 2005 - 49’
D’un mur l’autre
Documentaire de Patrick Jean, INA - Black Moon, mai 2008
Ce road-movie nous conduit de l’ancien mur de Berlin à la nouvelle clôture de Ceuta en terre africaine, via les quartiers Nord de Marseille.
Quatre frontières au moins mais un seul axe : une société, métissée, multiculturelle, riche de ses diversités en dépit de ses traditions de rejet. Du nord au sud, des rencontres empreintes d’humour et de tendresse, d’hommes et de femmes qui composent avec énergie et générosité une nouvelle société. Hors des clichés, ce film pose un regard optimiste, jubilatoire et parfois grinçant sur l’Europe et son immigration.
III - Autres liens
http://www.abc-immigration.fr : un site pédagogique présentant de nombreux témoignages : "Plusieurs millions de personnes vivent en France sans y être nées : ce sont les immigrés ou immigrants. Qui sont-ils ? Pourquoi ont-ils quitté leur pays ? Comment sont-ils venus ? Quelle est leur vie en France ? Quel bilan en tirent-ils ?"
http://www.generiques.org : propose de nombreuses informations sur les dimensions scientifiques et culturelles liées à l’histoire de l’immigration.
http://www.histoire-immigration.fr : site de la Cité nationale de l’Histoire de l’immigration
http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/cinema/seances-passees/regards-compares-identites-francaises-et-immigrations.html : liste de documentaires sur le thème de l’émigration
http://cedei.univ-paris1.fr : Centre d’études et de documentation de l’Émigration italienne
http://www.patrimoinearmenien.org : site du Centre du Patrimoine arménien de Valence.
http://www.ina.fr/fresques/reperes-mediterraneens//Html/PrincipaleAccueil.php :cet ensemble documentaire, tiré du fonds d’archives de l’INA, permet de parcourir l’histoire de la Provence depuis les années quarante à aujourd’hui sous ses aspects les plus variés. Est proposé un parcours thématique sur Marseille et ses migrations.
http://www.approches.fr : site de l’association Approches, Culture et Territoires, fondée à Marseille en 2005.
http://www.recitsdevie.fr/projets.htm : présentation de deux livres (Des gens d’ici : Mémoires des migrations à Port de Bouc et d’"Une Belle à l’Autre") de l’association Récits, située à Marseille.
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