Comment concrétiser ses vœux professionnels quand on s’avance sur une voie étroite ? Pascal Obadia ne s’est pas posé la question, ayant résolument opté pour l’action. A trente-cinq ans, il maîtrise chaque jour un peu mieux sa destinée de réalisateur. Parcours de ce jeune homme souriant, à la démarche rapide, qui cache sous son bonnet les images qu’il a en tête.
Diplômé en Arts Plastiques, Pascal Obadia a bifurqué sur les métiers de l’audiovisuel. Au départ scénariste, il a eu envie, un jour, de mettre en scène : faire un film de A à Z, le concevoir, le réaliser, diriger les comédiens. Comme il le dit : "Il y a beaucoup de choses inhérentes au fait de créer un film."
Son projet l’amène à suivre une formation à l’IMCA PROVENCE. De stage en stage, de fil en bobine, il crée "NOVAE FILMS", sa propre entreprise de production.
Pascal Obadia estime qu’une formation n’est pas suffisante car ces métiers-là nécessitent un long temps d’apprentissage sur le terrain. Les compétences sont essentiellement acquises sur le tas, c’est avant tout une question d’expérience. L’idéal étant de faire les bonnes rencontres et se créer, par le fait, un réseau : "Il faut évoluer dans un réseau qui va vous faire rebondir sur d’autres personnes. Après, il y a vraiment des coups de chance."
Le jeune réalisateur revient beaucoup sur la pénibilité du métier. A plusieurs reprises il reprendra ces mots : "C’est très long, très très difficile." Mais ce n’est pas tant la question matérielle qui pose problème : "Une caméra TRI CCD et un banc de montage Adobe Première, matériel commun et facile d’utilisation, suffisent pour réaliser un produit de qualité professionnelle." Les soucis sont ailleurs : quand un contrat tombe, il faut patienter entre trois et quatre mois avant de signer. Une fois en studio, le réalisateur ne décroche plus pendant des jours et des jours. Difficile dans ce cas d’avoir un instant à soi. Cependant, étant moins pris en ce moment, Pascal Obadia se dit qu’il préférerait avoir du boulot plutôt qu’une vie privée.
Il faut du temps pour se faire un nom, accrocher le client : "Il faut au moins quinze ans pour démarrer dans le milieu et pendant toutes ces années, le job n’est pas très rémunérateur." En attendant la renommée et pour survivre, il tourne des films publicitaires, institutionnels, il fait de la "vidéo". Mais cela l’intéresse moins : "C’est aussi une façon de s’aguerrir, un cheminement commun à tous ceux qui font ce métier. A moins d’avoir un nom, beaucoup d’argent pour pouvoir faire ses propres films. "Cela peut aussi parfois être une bonne occasion de s’amuser." Pascal Obadia se souvient, ainsi, d’un travail réalisé avec des septuagénaires : "C’était très marrant de les faire tourner, d’autant qu’il y avait des scènes assez osées."
Le but visé par ce battant reste, bien sûr, la production d’un long métrage. Il compte, pour l’heure, à son actif la participation à différents festivals à Lille, Paris, Cannes ou Clermont-Ferrand : "Quand vous parvenez à faire des films sélectionnés en compétition et même primés, sans avoir de budget, ça conforte, ça rassure."
Malgré les prix et les succès d’estime, Pascal Obadia reste les pieds sur terre : "S’accrocher c’est bien, mais il ne faut pas le faire à perte. Il faut absolument définir un parcours, fixer des objectifs, d’abord petits, sans penser à plus, à des sommets ou des buts qui sont inatteignables. A chacun son niveau, mais toujours au plus proche de ce que l’on peut effectivement réaliser."
Enquête : Salima Tallas ; rédaction : Patricia Rouillard.
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